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Calculez le montant de votre future retraite

La dernière réforme des retraites a modifié, une nouvelle fois, les règles de calcul de votre future pension. Pour savoir à quel montant vous pourrez prétendre, il existe des outils fiables. L’évaluation est d’autant plus juste que vous êtes proche de l’âge de la retraite.

Depuis l’institution, par la loi de réforme des retraites de 2003, d’un droit à l’information, les régimes de retraite obligatoires doivent adresser périodiquement à tous leurs assurés un relevé des droits qu’ils ont acquis dans l’ensemble des régimes de retraite français. À partir de l’année de leurs 55 ans, ce document est complété par une estimation indicative globale (EIG) de leur future retraite, c’est-à-dire une estimation du montant annuel brut de cette dernière à plusieurs âges de départ. Mais avant 55 ans - et entre 55 et 60 ans, puis entre 60 et 65 ans -, si vous souhaitez avoir une idée du montant de votre future retraite, vous devez vous débrouiller seul (voir Evaluez vous-même votre pension. Voici comment vous y prendre.

En vidéo, les conseils de notre partenaire Droit Finances.net

Ne vous fiez pas aux évaluations des banquiers et des assureurs

Jean-Marc est effaré. Il vient de rencontrer son conseiller bancaire pour faire un point sur ses produits d’épargne. À 55 ans, il pense déjà à sa retraite, qu’il envisage de prendre dans 8 ans. Il ne touchera alors, lui a indiqué son conseiller, que 57 % de son dernier salaire. «Ce n’est pas moi qui vous le dis, c’est le Conseil d’orientation des retraites», a tenté de se justifier le banquier. Jean-Marc, qui gagne, aujourd’hui, 4 000 € net par mois, a du mal à croire que ses revenus puissent chuter à 2 280 € quand il sera à la retraite. Il a raison d’être méfiant. En effet, les banquiers et les assureurs s’ingénient à raisonner en termes de «taux de remplacement» dès lors qu’il s’agit d’estimer le montant de la future retraite d’un de leurs clients. Or, le taux de remplacement mesure le rapport entre le montant de votre pension à la date de sa liquidation et votre dernier revenu d’activité. Il est, le plus souvent, exprimé en net, c’est-à-dire après déduction des cotisations et des prélèvements sociaux (qui s’élèvent à plus de 20 % pour les cotisations assises sur les salaires, à 7,4 % pour les retraites versées par les régimes de base et à 8,4 % pour celles des régimes complémentaires). La difficulté de cette approche est de trouver le bon taux de remplacement, car il n’est pas le même pour tous. Il varie selon les statuts (un retraité du privé n’a pas le même taux de remplacement qu’un commerçant à la retraite) et le niveau des revenus d’activité. Plus ceux-ci sont élevés, plus le taux de remplacement sera faible. Cela s’explique, notamment, par le fait que les cotisations de retraite sont, généralement, plafonnées sur une partie du salaire et que les plafonds sont différents d’un régime à l’autre.

Attendez-vous à une forte baisse de revenus si vous êtes cadre

Votre profil de carrière a aussi une incidence sur votre taux de remplacement. Plus votre carrière est ascendante, plus votre taux de remplacement sera faible. En effet, si votre salaire a beaucoup augmenté en fin de carrière, votre dernière rémunération avant la retraite sera élevée par rapport au salaire moyen de vos 25 meilleures années, qui servira de base de calcul à votre retraite du régime général des salariés, et par rapport aux salaires perçus sur l’ensemble de votre carrière, à partir desquels sont calculés vos points dans les régimes complémentaires Arrco et Agirc (voir l'encadré "Lexique: calculez le montant de votre future retraite"). C’est, d’ailleurs, ce que démontre le Conseil d’orientation des retraites (COR).
Les projections que cet organisme a effectuées montrent ainsi que le taux de remplacement net est largement inférieur pour les cadres, dans la mesure où ils ont, généralement, une carrière ascendante. Pour une carrière complète et un départ à l’âge minimal de la retraite, leur taux de remplacement est de 56 % pour la génération 1950, de 57 % pour celle née en 1960 et de 53 % pour celle née en 1970. Comparativement pour un non-cadre, ce taux atteint 75 % pour la génération 1950, 77 % pour la génération 1960 et 72 % pour la génération 1970. À l’inverse, pour un salarié non cadre qui a connu une période de chômage de longue durée en milieu de carrière, puis une sortie anticipée du marché du travail à 55 ans, le taux de remplacement grimpe à 83 % pour la génération 1950, à 90 % pour la génération 1960 et à 72 % pour la génération 1970, alors que ces périodes de chômage vont avoir des répercussions négatives sur le montant de la pension. En définitive, cette notion de taux de remplacement n’est véritablement pertinente que pour les assurés qui ont une carrière sans accident de parcours.

Exploitez les informations du relevé de situation individuelle

Dès lors, il est plus judicieux de tirer profit des informations qui figurent sur votre relevé de situation individuelle (RIS). Ce document vous est automatiquement adressé par courrier tous les 5 ans à partir de l’année de vos 35 ans. Si vous l’avez perdu ou si vous souhaitez un relevé à jour, vous pouvez en obtenir un sur internet à tout moment. Le RIS récapitule tous les droits que vous avez acquis depuis le début de votre carrière dans les différents régimes de retraite de base et complémentaires auprès desquels vous avez cotisé. Ces droits sont, selon le cas, exprimés en trimestres ou en points. Y figurent également les montants des salaires ou des revenus bruts sur la base desquels vous avez cotisé chaque année pour vos retraites de base.

Tablez sur une retraite de base d’environ 1 300 € par mois

Votre retraite sera payée, pour partie, par le régime général et, pour partie, par le (ou les) régime(s) complémentaire(s). Quel que soit votre statut, la retraite de base, avant toute éventuelle majoration (voir notre hors-série Sur quelle retraite compter?), est plafonnée à la moitié du plafond annuel de la Sécurité sociale. Autrement dit, à partir d’une rémunération égale au plafond de la Sécurité sociale (37 548 €/an en 2014), le montant maximal de la retraite de base est le même pour tous, que vous gagniez tout juste cette somme ou dix fois plus. Un assuré qui a eu une carrière complète et a cotisé pendant ses 25 meilleures années à hauteur de ce plafond devrait donc percevoir une retraite de base de 18 774 € brut par an pour une liquidation en 2014. «En réalité, elle sera plus proche de 42 % du plafond annuel de la Sécurité sociale, soit 15 770 € brut par an», précise Philippe Burger, associé Capital humain chez Deloitte, soit 1 300 € net par mois. Cela tient au fait que pour calculer votre salaire annuel moyen, les salaires de vos 25 meilleures années ont été réactualisés en fonction de l’inflation, alors que le plafond annuel de la Sécurité sociale progresse, chaque année, en fonction de l’évolution du salaire annuel moyen, qui augmente un peu plus vite que les prix.
Toutefois, même en ayant cotisé pendant au moins 25 ans à hauteur du plafond de la Sécurité sociale, vous ne pouvez compter sur cette somme de 1 300 € que si vous remplissez les conditions pour bénéficier du taux plein: avoir la durée d’assurance requise ou faire liquider votre retraite à l’âge du taux plein (voir notre hors-série Sur quelle retraite compter?). Sinon, votre retraite sera amputée par application d’une décote et réduite au prorata du nombre de trimestres manquants. «Les salariés qui n’ont pas accompli une carrière complète peuvent évaluer la perte pour leur retraite de base à environ 10 % par année manquante», ajoute Philippe Caré, directeur ressources humaines et rémunération de Siaci Saint-Honoré.

Évaluez le montant de vos retraites complémentaires

En ce qui concerne les retraites complémentaires, les choses sont plus simples, puisque, pour obtenir une première évaluation de vos pensions, il vous suffit de multiplier les points que vous avez acquis à la date de votre relevé par la valeur du point (elle figure au bas du relevé de points). Vous pouvez aussi évaluer assez facilement les points que vous allez cumuler jusqu’à la date de votre départ en retraite. Les cadres qui ne cotisent à l’Arrco qu’à hauteur du plafond de la Sécurité sociale acquièrent, en principe, environ 147 points par an, davantage s’ils cotisent à un taux supérieur au taux minimal (voir notre hors-série Sur quelle retraite compter?). Pour une carrière complète (de 40 à 42 ans), cela représente de 5 000 à 6 000 points Arrco, soit une retraite maximale de 626 € par mois. «D’une manière générale, un moyen simple pour évaluer le montant de vos retraites Arrco et Agirc consiste à retenir le nombre de points acquis au cours de la dernière année qui figure sur votre relevé et à multiplier ce chiffre par le nombre d’années restant à courir jusqu’à votre départ en retraite», suggère Marc Darnault associé d’Optimaretraite.
Par exemple, si vous êtes à 10 ans de votre départ en retraite et avez déjà acquis 4 000 points Arrco, dont 145 au titre de la dernière année figurant sur votre relevé, vous pouvez considérer que vous allez acquérir 1 450 points supplémentaires. Soit 5 450 points Arrco au total, vous donnant droit à une retraite complémentaire de 6 820 € brut par an (6 247 € net par an ; 520 € net par mois) au minimum sur la base de la valeur actuelle du point. Mais attention, cette estimation n’est valable que si vous faites liquider votre retraite complémentaire à taux plein (voir notre hors-série Sur quelle retraite compter?). Sinon, comme dans le régime de base, un abattement vous sera appliqué.

Recourez à un simulateur pour obtenir un calcul plus précis

Si vous souhaitez obtenir une évaluation plus précise du montant de votre retraite, la solution consiste à réaliser une véritable simulation. Vous pouvez le faire vous-même sur internet ou confier votre dossier à un cabinet spécialisé. Dans la mesure où toute simulation implique de faire des projections sur votre carrière future et sur l’évolution de vos revenus, nous vous déconseillons de vous y prendre trop jeune. Plus vous serez éloigné de l’âge de la retraite, moins les résultats seront pertinents. «Vers 50 ans, c’est le bon moment, parce qu’on a accompli une grande partie de sa carrière et, surtout, parce que, à cet âge, on a encore le temps d’améliorer sa retraite si on se rend compte qu’elle ne sera pas suffisante. Autrement dit, il faut concevoir ces évaluations principalement comme un outil d’aide à la décision pour se constituer une épargne retraite complémentaire», conseille Marc Darnault.

Vous pouvez utiliser plusieurs sites internet gratuits et fiables

De nombreux sites vous permettent de simuler gratuitement le montant de votre future retraite. Nous en avons testé deux. Mis en place par les régimes de retraite obligatoires, M@rel est assez simple à utiliser ; une dizaine de minutes suffisent pour saisir les informations demandées: salaires de début de carrière, salaire actuel, salaire envisagé de fin de carrière… Très pédagogique, il offre la possibilité d’accéder au détail des calculs: durée d’assurance retenue, montant du salaire annuel moyen et nombre de points servant à calculer votre retraite, taux de liquidation, décote, surcote en cas de durée de cotisation supérieure à la durée normalement requise (voir notre hors-série Sur quelle retraite compter?)…
Quant à Simul-retraite, développé par Maximis, un cabinet de conseil en retraite, il présente la particularité, par rapport à la plupart des autres sites, d’estimer le montant de votre retraite à partir des informations contenues dans votre dernier RIS. Vous devez saisir, année par année, le montant de votre salaire tel qu’il apparaît sur votre RIS, indiquer le total des points acquis dans chaque régime complémentaire à la date du relevé, puis faire des hypothèses sur l’évolution de votre rémunération jusqu’à la retraite. C’est un peu fastidieux, mais ni très long ni très compliqué. Et si la saisie de toutes ces données vous rebute vraiment, vous pouvez la déléguer à un opérateur (ce service est facturé 95 €). «Votre compte reste actif sans limite dans le temps. Vous pouvez donc y revenir tant que vous voulez pour actualiser vos données au fur et à mesure du déroulement de votre carrière», explique Emmanuel Grimaud, président de Maximis Retraite. Vous aurez ainsi une véritable estimation du montant de votre retraite, plus précise et plus fiable qu’une simple évaluation à partir de quelques données. Cela dit, dans tous les cas, vous devez garder à l’esprit que les calculs reposent nécessairement sur de nombreuses hypothèses - évolution de la réglementation, du contexte économique et de votre carrière -, qui ne se confirmeront peut-être pas.

Si votre carrière est complexe, passez par un cabinet spécialisé

Dernière possibilité: confier votre dossier à un cabinet spécialisé qui se chargera d’estimer le montant de votre retraite sur la base des documents que vous lui aurez transmis. Or, comme le montrent nos simulations (voir Résultats de 3 simulations de retraite), les chiffres fournis par ces professionnels sont assez proches de ceux obtenus grâce aux simulations effectuées sur internet, notamment sur Simul-retraite. Aussi, de l’aveu même de ces cabinets, le recours à leurs services ne se justifie pas pour une simple estimation du montant de sa future retraite, sauf, éventuellement, pour les personnes qui ont eu des carrières compliquées, avec des périodes d’expatriation, des changements de statuts (salariés, fonctionnaires, indépendants…), dont les relevés individuels comportent manifestement de nombreuses erreurs ou qui ont un statut spécifique ne pouvant pas être pris en compte par les simulateurs destinés au grand public…
La valeur ajoutée de ces spécialistes est, en fait, les conseils procurés aux futurs retraités qui souhaitent optimiser leur fin de carrière et s’interrogent sur l’opportunité d’un rachat de trimestres ou d’un changement de statut professionnel.

Nathalie Cheysson-Kaplan

» Pension de reversion: quels montants? Avec Droit-Finances.net

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