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Grand Paris, quelles opportunités?

C’est le projet d’aménagement le plus ambitieux de la région Ile-de-France. Il va sans doute redessiner la physionomie de la petite couronne, à coup de nouvelles lignes de métro et de ZAC. Reste que ce chantier titanesque ne sera pas achevé avant 2030. Pourtant, les travaux ont démarré. Et l’on peut commencer à se positionner. Nos conseils.

L’aménagement du Grand Paris? C’est à Champigny-sur-Marne (94), où les rues éventrées paralysent le trafic, que l’on prend le mieux conscience de l’immensité du chantier à venir. La ville va accueillir la première gare du Grand Paris en 2020, un projet pharaonique qui vise à faire passer le réseau de transports de la métropole de 200 à 400 kilomètres en moins de quinze ans. «Le Grand Paris Express n’a pas d’équivalent dans le monde, à l’exception peut-être du métro de Riyad et en Chine», affirmait Philippe Yvin, président de la société du Grand Paris, à l’occasion du lancement des premiers travaux de génie civil en mai dernier.

Avec la création de 68 gares tout autour de la capitale, 90 % des Franciliens habiteront à terme à moins de 2 km de l’une d’entre elles. Dès 2022, le tronçon sud de la nouvelle ligne 15 reliera Pont-de-Sèvres à Noisy-Champs en 35 minutes, contre 1 heure 45 aujourd’hui (voir carte p. 11 ou ci-contre). À l’horizon 2030, une rocade constituée de quatre nouvelles lignes de métro (15, 16, 17 et 18) enserrera Paris, facilitant les trajets de banlieue à banlieue. Plusieurs prolongements de lignes (4, 11, 12, 14…) rendront par ailleurs plus aisées les connexions avec Paris intra-muros.

Et le chantier du Grand Paris ne se résume pas au réseau de transports. L’ouverture de nouvelles gares va favoriser le développement des bassins d’emploi et l’implantation d’infrastructures sportives, culturelles ou économiques. «Des quartiers sont en train de se créer autour des gares et dans un rayon de 800 mètres alentour. Ils vont transformer radicalement l’existant», anticipe Hugues Larnaudie, le directeur de la communication de l’aménageur Epa Orsa. C’est le cas des Ardoines, à Vitry-sur-Seine, aujourd’hui vaste zone industrielle équivalant à deux fois la superficie de La Défense et qui regroupe PME et entrepôts. D’ici à quinze ou vingt ans, le secteur accueillera un immense pôle dédié aux biotechnologies, des bâtiments tertiaires, des commerces et de l’habitat. Au global, 70 000 logements environ devraient sortir de terre chaque année durant les vingt-cinq ans à venir. Le double de ce qui est produit actuellement. Tous les projets n’atteignent pas cette envergure, mais beaucoup vont transformer radicalement les villes concernées. «En créant des gares, de nouveaux modes de transport, on change le principal référentiel: l’emplacement», explique Yanick Quémeras, président de Nexity Val-de-Seine.

Misez sur les villes bâtisseuses

Mais alors que le paysage francilien s’apprête à être radicalement modifié, où se cachent les plus-values de demain? «Ce sont les quartiers aujourd’hui peu ou mal desservis qui profiteront le plus de ces changements», prédit Dominique Alba, directrice de l’atelier parisien d’urbanisme (Apur). Une nouvelle desserte en transports en commun n’est toutefois pas suffisante pour créer une vraie dynamique. «Certaines villes sont extrêmement volontaristes et libèrent des terrains, d’autres évoluent plus lentement», estime François Roizard, directeur du développement de la ceinture Est pour le promoteur Les Nouveaux Constructeurs. Par ailleurs, il faut que les réserves foncières soient suffisantes. Et que les prix ne se situent pas déjà à un niveau élevé.
Pour les villes qui ont entamé une mue ces dernières années, comme Issy-les-Moulineaux - où le coût du neuf plafonne à plus de 7 000 €/m2 dans le quartier du Fort, qui accueil- lera la future gare -, le potentiel de plus-value est bien sûr plus faible qu’ailleurs. À l’inverse, c’est dans les communes où les prix sont contrôlés, comme à Bagneux ou à Romainville, que les opportunités sont les meilleures. Les municipalités s’y sont dotées de chartes obligeant les promoteurs à vendre 10 à 20 % en dessous des prix du marché. Jugées illégales par la Fédération des promoteurs constructeurs (FPI), elles évitent aujourd’hui une envolée des coûts dans ces secteurs et augurent de meilleures valorisations à terme.

Des échéances parfois lointaines

Enfin, certaines échéances paraissent plus lointaines que d’autres. C’est vrai pour Aubervilliers qui, malgré le prolongement de la ligne 12, tarde à accélérer ses projets d’urbanisme ; vrai aussi pour Nanterre, où de belles opportunités se profilent, mais dont la livraison du métro n’est pas prévue avant 2025 ; ou encore pour Saint-Denis Pleyel, futur grand carrefour de correspondances du Grand Paris. «Le secteur compte peu de logements et beaucoup de territoires en friche. L’accélérateur sur ce site sera véritablement le projet des JO en 2024», juge Franck Helary, directeur général logement Ile-de-France de Bouy- gues Immobilier. Voici les villes qui constituent, pour nous, les paris gagnants de demain.

BAGNEUX, les prix restent bas

Ce n’est encore qu’un trou béant en entrée de ville, dominé par des barres de logements des années 1960. Pourtant, le secteur de la future gare, qui assurera le croisement entre les lignes 4 et 15 du métro, nourrit bien des espoirs. «Bagneux fait partie des communes auxquelles on croit. Beaucoup de permis sont déposés, la ville est volontariste. L’arrivée du métro a déclenché de nombreux chantiers», constate Yanick Quémeras, président de Nexity Val-de-Seine. Certes, l’«effet métro» est encore loin de se faire sentir. À la différence de la station Mairie-de-Montrouge, toute proche, où la spéculation avait anticipé de trois ans l’arrivée du métro.

L’urbanisme n’est pas le même. Bagneux, ancienne banlieue rouge, est l’une des villes de la première couronne qui compte le plus de logements sociaux (67 % du parc*). Mais beaucoup d’opérations sont sur la table, et notamment, autour du quartier de la gare: le développement d’une zone d’aménagement concerté (ZAC) mêlant logements, commerces, bureaux et espaces verts dans le secteur Victor-Hugo, et un projet d’aménagement sur les 16 hectares du site des Mathurins… 4 000 habitants supplémentaires sont attendus dans les quinze ans sur l’ensemble de la ville. Certes, ces annonces ont encore peu d’impact sur le marché actuel. Malgré un intérêt récent des investisseurs. Les prix, qui ont subi la baisse de ces trois dernières années, ne relèvent pas encore la tête. «Une cliente veut revendre son trois-pièces, dans un programme récent, 40 000 € de plus qu’elle ne l’a acheté. Mais elle n’y arrivera pas», prédit Nadir Cherifat de l’agence MyHouse. La mairie a imposé un contrôle des prix sur les programmes en cours de commercialisation. Et ceux vendus il y a quelques années souffrent de la concurrence du neuf, actuellement proposé en moyenne de 10 à 20 % en dessous des prix de marché, soit entre 4 500 et 5 000 €/m2.

Les logements des années 1960, austères mais bien placés

L’ancien, par ailleurs, reste décoté. Dans des collectifs des années 1960 - à l’inverse du centre-bourg plus ancien, mais excentré -, les prix s’affichent autour de 3 400 €/m2. Près de la future gare de Bagneux, un 24 m2 avec travaux dans une résidence des années 1960 est parti à 85 000 €, soit près de 3 500 €/ m2. Non loin, dans une résidence arborée de la même époque, un trois-pièces de 66 m2 en bon état a changé de mains pour 211 000 €, soit 3 200 €/m2. «Ces logements ont un aspect austère. En revanche, ils sont très bien conçus et souvent assez lumineux», note Patrice Latour, de l’agence Orpi Arcueil. Plus les logements s’approchent de l’avenue Aristide-Briand et de son quartier pavillonnaire, près du RER Arcueil-Cachan, et plus les prix remontent. Dans cette avenue, un deux-pièces de 26 m2 en brique des années 1930 s’est vendu 102 000 €, la fourchette haute de la ville, et il se loue rapidement.

VILLEJUIF, de l’ancien décoté à proximité des futures gares

Sur le boulevard Maxime-Gorki, qui traverse l’agglomération du nord au sud, on croise des bulles de ventes partout. «La ville construit à tour de bras», fait remarquer Gilles Rousseau, directeur des agences Century 21 à Villejuif et au Kremlin-Bicêtre. La mise en service du tramway, la confirmation de l’arrivée du métro et le changement de couleur politique, il y a deux ans, ont donné le coup de départ à un afflux de projets. «Les promoteurs ne boudent plus Villejuif. Il y a de la qualité dans les programmes proposés, dans les rénovations en cours», estime Gilles Rousseau. À proximité de la ligne 7, c’est autour du métro Louis-Aragon que l’offre en programmes neufs se concentre. Comme la ZAC Beau Quartier, sorte de ville dans la ville qui regroupera à terme 600 logements, des bureaux et des commerces. Les premières commercialisations s’affichent autour de 5 300 €/m2, contre 4 000 à 4 500 €/m2 dans l’ancien.

Pour l’heure, le bout de la ligne 7, en connexion avec le tramway, dont la rénovation est prévue avec l’arrivée de la gare, reste un secteur embouteillé et bruyant. Les acheteurs lui préfèrent celui de Paul-Vaillant-Couturier, plus central et profitant de la proximité du quartier de la mairie, où se mêlent jolies maisons en meulière, pavillons en briquettes rouges et petits collectifs de bonne facture. Les prix s’y échelonnent entre 4 500 et 5 000 €/m2. Récemment, rue Jean-Jaurès, un deux-pièces de 37 m2 au premier étage d’un petit immeuble des années 1930 a trouvé preneur pour 164 000 €, soit 4 550 €/ m2.

À venir, un pôle de recherche, et des logements

Mais c’est dans l’ouest de la ville, autour de l’Institut Gustave-Roussy, que le paysage va le plus changer, avec la création de la ZAC Campus Grand Parc, un pôle d’excellence dédié au cancer, qui s’étendra sur 450 000 m2. Près de 3 000 logements nouveaux y sont prévus. Aujourd’hui, on y trouve des collectifs sociaux et un tissu un peu décousu de pavillons et d’immeubles des années 1960. «Dans le secteur, on ne vend pas, ou à prix cassé», tranche Patrick Latour, de l’agence Orpi Arcueil. Les tarifs s’inscrivent dans la fourchette basse de la ville, autour de 3 000 €/m2. Rue de Verdun, un deux-pièces de 35 m2 au deuxième étage d’une construction de 2006 s’est vendu 125 000 €, soit 3 500 €/m2.
Quelques programmes neufs commencent à émerger. Et les petites surfaces partent en premier, notamment à destination d’investisseurs en Pinel. Témoin le succès du programme «Solstice», développé par Expansiel, dont les prix oscillent entre 3 800 et 4 100 €/m2 et dont les deux et trois-pièces ont déjà tous trouvé preneurs.

VITRY-SUR-SEINE, un projet pharaonique qui va transformer le secteur

C’est l’un des objectifs les plus ambitieux du Grand Paris: la transformation des quelque 300 hectares de friche des Ardoines, où se mêlent aujourd’hui PME, garages et entrepôts, en un immense pôle de biotechnologies, doté de l’un des nœuds de connexion du Grand Paris. Mais le chantier, qui s’étalera sur plusieurs dizaines d’années, apparaît bien lointain. Dans le quartier de la Ferme, secteur pavillonnaire qui touche l’actuelle gare des Ardoines, les prix des quelques appartements dans l’ancien se négocient entre 2 800 et 3 000 €/m2. Soit parmi les tarifs les plus bas de la ville. «Aujourd’hui c’est un secteur endormi, il n’y a rien, aucun commerce. C’est surtout une zone de report pour les acheteurs», témoigne Jérôme Dutranoy, d’Orpi Étoile Immobilier.

Un quartier conçu en continuité avec l’existant

Près du stade Gabriel-Péri, un deux-pièces de 43 m2 dans un immeuble en brique de bon standing s’est négocié 133 000 € net vendeur, soit près de 3 000 €/m2. Pour un pavillon des années 1970, typique du secteur, il faudra compter plutôt 4 000 €/m2. Ainsi, une maison de 96 m2 dotée d’un jardin de 60 m2 s’est-elle vendue, rue de Choisy, 385 000 € net vendeur. Dans ce quartier calme, où quelques programmes neufs commencent à émerger, notamment entre la rue du 8-mai-1945 et la rue Camille-Groult, il reste difficile de se projeter. «Le nouveau quartier va se concevoir en continuité avec l’existant. Une continuité des rues existantes et une progressivité des hauteurs d’immeubles. Par capillarité, le quartier va se revaloriser en fonction des modifications de son voisinage», souligne Hugues Larnaudie.

La gare Vitry-Centre va réanimer un secteur sous-coté

Ce quartier n’est pas le seul à prévoir des transformations. Une ZAC de logements est envisagée tout près de l’actuelle gare de Vitry. C’est, aujourd’hui, le secteur le plus demandé de la ville. Près de l’avenue Paul-Vaillant-Couturier, artère commerciale et arborée, le mètre carré se négocie en moyenne entre 3 500 et 4 000 €/m2. Quant aux petites surfaces dans les beaux immeubles en brique des années 1930, elles se monnayent autour de 3 800 à 3 900/m2. Un 25 m2 s’y louera entre 550 et 600 €, charges comprises (CC ). Dans l’ouest de Vitry, près du musée d’art contemporain Mac Val, l’arrivée de la nouvelle gare Vitry-Centre pourrait aussi doper les prix d’un secteur sous-coté, faute de transports. Il compte un grand nombre d’immeubles des années 1960 et ne fait guère rêver les acheteurs. Les prix sont parmi les plus bas de la ville, entre 2 500 et 3 000 €/m2. Un 70 m2 dans un immeuble de cette période s’est récemment vendu 163 000 € net vendeur, soit 2 300 €/m2.

CHAMPIGNY, un des territoires les mieux maillés en transports du Grand Paris

Avec ses rues éventrées par les travaux, et les panneaux annonçant le chantier du Grand Paris, difficile de passer à côté. «Cela fait six mois que c’est le bazar en centre-ville», raconte Franck Sasso, de l’Agence de la mairie, Orpi de Champigny-sur-Marne. La ville, urbanisée dans les années 1960, déjà bien desservie par le RER, s’apprête à gagner deux nouvelles gares. Une expansion qui n’est pas passée inaperçue des investisseurs. «Ce projet a fait venir une clientèle que l’on n’avait pas. Des investisseurs à la recherche de petits produits», reconnaît Franck Sasso.

Prisée des étudiants des universités alentour

Le prix des studios tutoie les 4 000 €/m2, soit 10 à 20 % moins cher que dans la commune voisine de Saint-Maur, alors que ces surfaces s’y louent au même prix et séduisent les étudiants des facultés de Créteil ou de Marne-la-Vallée, toutes proches. Au-delà de 40 m2, les tarifs chutent autour de 3 200 €/m2. Cet été, un deux-pièces de 38 m2 exposé sud mais avec quelques travaux, situé en centre-ville, s’est vendu 127 000 €, soit près de 3 300 €/m2. La différence est encore plus franche pour les trois et quatre-pièces qui constituent l’essentiel de l’offre et sont concurrencés par la forte proportion de logements sociaux, qui avoisine les 40 % du parc locatif. Comptez 3 000 €/m2 en moyenne. Dans le quartier de la Marne, un 68 m2 dans un immeuble des années 1970 avec parking s’est récemment négocié 205 000 €, soit 3 000 €/m2. Quant au marché des maisons, il s’est rétréci autour des produits vendus moins de 450 000 €. Au-delà, elles peinent à partir et le marché est plutôt baissier.
Dans le centre, des programmes neufs commencent tout juste à sortir de terre. Les tarifs tournent autour de 4 600 €/m2. Tout à côté de la future gare, dans la rue Jean-Jaurès, l’une des principales artères de la ville, près de 300 logements s’apprêtent à sortir, accompagnés de 3 000 m2 de commerces. Les abords de la gare de Champigny-Centre devraient eux aussi faire l’objet de constructions de logements, de commerces et d’équipements publics. Tout comme dans l’est de la ville, autour de la gare de Brie-Villiers-Champigny, secteur peu dense constitué de pavillons et de petits entrepôts, où une ZAC est prévue, sur le territoire de Villiers-sur-Marne. Toutefois, le principal enjeu de densification de la ville concerne les anciennes voies de desserte orientales (VDO), vaste friche de 216 hectares, à cheval sur plusieurs communes dans l’est de la commune, dont le destin est encore incertain.

ROMAINVILLE, des projets d’urbanisme et des prix du neuf plafonnés

Le long de l’avenue qui marque l’entrée de la localité, les pelleteuses et les bulles de vente témoignent de la mue en cours. «C’est probablement l’une des villes qui a le plus construit ces dernières années», constate François Roizard.

Avec la promesse du métro, ses projets d’urbanisme et ses prix accessibles, beaucoup de Parisiens se sont laissé séduire par cette commune discrète, pour s’offrir une maison avec jardin. Une nouvelle population de bobos et de cadres qui pousse les prix du centre-ville à la hausse, autour de 4 200 €/m2. Ainsi ce deux-pièces de 34 m2, tout proche de la mairie, au premier étage d’un bel immeuble du début du XXe siècle, vendu 153 000 €, soit près de 4 500 €/m2.

Des prix du neuf ultra-concurrentiels

Dans le même secteur, les logements situés dans les collectifs des années 1960 souffrent d’une plus franche décote et se monnayent autour de 3 800 €/m2. «Ces appartements sont plombés par des charges élevées et sont aujourd’hui concurrencés par le neuf», pointe Anne Desgranges, de l’agence Alexan Immobilier. D’autant que les tarifs des promoteurs sont, depuis 2012, encadrés par une charte municipale. «Ils sont sans doute de 10 à 20 % en deçà des coûts de marché», poursuit Anne Desgranges. Résultat, des prix du neuf ultra-concurrentiels, proches de ceux du bel ancien, entre 4 200 et 4 600 €/m2. De nombreux programmes, dont certains vendus en défiscalisation il y a dix ans, arrivent en outre aujourd’hui sur le marché à la revente. Rue de la république, par exemple, à proximité du futur métro, un 42 m2 lumineux situé au 1er étage d’une résidence de 2006, s’est vendu 190 000 € avec un parking, soit près de 4 200 €/m2 (hors parking).
Les prix baissent d’un cran près de la place Carnot, toujours dans le voisinage du métro à venir, mais à la frontière avec Noisy-le-Sec, en moyenne à 3 500 €/m2. «L’effet adresse joue à plein. D’un trottoir à l’autre, les prix varient d’au moins 10 %», remarque Franck Bozon, de l’agence Laforêt immobilier, à Noisy-le-Sec. Même chose plus au sud, à la frontière avec Montreuil-sous-Bois, dans un secteur qui touche également Noisy-le-Sec, où les prix fondent jusqu’à 3 000 €/m2. À cet endroit, une ZAC est en cours de réalisation sur les quinze hectares libérés par la couverture de l’autoroute A3. Elle se situera tout près de la nouvelle station Montreuil-Hôpital, au croisement des trois villes, en prolongement de la ligne 11. Quelques investisseurs avisés commencent à acheter des maisons dans les hauteurs de ce secteur calme et pavillonnaire. Une maison peut s’y négocier près de 350 000 € et s’y louer 1 500 € par mois. Une rentabilité de plus de 5 % et un potentiel de plus-value dès l’arrivée du métro.

ROSNY-SOUS-BOIS, des prix planchers près des futures gares

«Le métro? Cela fait tellement longtemps que c’est dans les tuyaux. 2022, c’est encore loin», souffle Cédric Toureille, de l’Agence immobilière de la mairie. Au pied de l’actuelle station du RER E de Rosny-Bois-Perrier, qui accueillera la future ligne 11, les grands ensembles des années 1960 aux façades austères ne sont pas un premier choix. «C’est le budget qui fait que l’on se dirige vers (eux). Néanmoins, les immeubles sont bien tenus et les espaces verts assez agréables», estime ce dernier. Un deux-pièces de 45 m2 acheté 115 000 € se loue en moyenne 750 € charges comprises. Et trouve rapidement preneur du fait de la proximité de la gare. Dans le secteur pavillonnaire situé de l’autre côté des rails, près du centre Rosny 2, les maisons des années 1960 se négocient autour de 330 000 €, pour près de 80 à 100 m2 de surface et un petit jardin. Le quartier plaît aux familles et il est appelé à se développer. Au pied des tours du quartier Boissière, à la frontière avec Montreuil et Noisy-le-Sec, les pelleteuses se préparent pour l’arrivée du métro. «Il désenclavera le secteur», assure William Franck, de Guy Hoquet Rosny-Sous-Bois.

Les logements se louent vite

Aujourd’hui, le marché est à la peine. Faute de transports, les prix des collectifs des années 1970, comme des pavillons, sont 10 % moins élevés qu’à Rosny-Bois-Perrier. En face du futur métro, un trois-pièces de 72 m2 traversant avec des travaux y a été vendu 175 000 €, soit près de 2 400 €/m2. Il pourra se louer autour de 950 € charges comprises (CC). Avec l’arrivée de la gare, des projets de ZAC doivent venir doper le secteur en nouveaux logements et en commerces. Certains d’entre eux sont déjà visibles le long du boulevard Gabrie-Péri. Mais, c’est dans le centre-ville, rénové ces dernières années et desservi par le RER E - à une station du futur métro -, que se concentre l’essentiel des transactions. Les prix y montent jusqu’à 3 500 €/m2. Malgré le cachet de certains immeubles anciens en brique et meulière, ce sont les programmes récents et leurs faibles charges qui attirent la faveur des investisseurs. Un 44 m2 lumineux dans une résidence des années 2000 avec un parking en sous-sol s’est vendu 172 000 € (FAI), soit près de 3 900 €/m2. Il se louera près de 820 € CC. Dans les hauteurs du quartier des Boutours, à 5 minutes du centre, les belles meulières d’une centaine de mètres carrés changent de mains entre 350 000 et 450 000 €.

SAINT-OUEN, la naissance d’un quartier qui modifie le visage de la ville

Si les immeubles des années 1930 situés près de la station Garibaldi, sur la ligne 13 du métro, continuent de séduire les Parisiens, c’est plutôt à proximité de la mairie que la ville se transforme radicalement. Le quartier des Docks, un projet pharaonique, dont la première tranche, qui borde un immense parc de 12 hectares le long de la Seine, s’est dressée hors de terre, va regrouper à terme près de 10 000 habitants. L’équivalent de 20 % de la population actuelle de la ville. «Inédit, en petite couronne», explique Hélène Romano, directrice régionale Ile-de-France du promoteur Nexity. Dans ces immeubles, les prix ont grimpé en flèche au fur et à mesure des livraisons. «Ils ont débuté à moins de 4 000 €/m2. Aujourd’hui, les logements en cours de livraison se négocient près de 5 400 €/m2», estime Laurent Douillet, directeur commercial au sein de Vinci Immobilier. Un beau 60 m2, en étage avec balcon et vue sur La Défense se négociait près de 280 000 € en 2013. Il vaut actuellement près de 330 000 €, soit presque 20 % de plus. Les tarifs atteignent même des sommets pour les produits les plus haut de gamme. Face au square Marmottan, au pied du métro Garibaldi, un programme de standing exposé sud est commercialisé à partir de 6 000 €/m2. Une première à Saint-Ouen.

25 % de hausse en deux ans

Dans l’ancien, les prix ont suivi le mouvement et se fixent aujourd’hui autour de 4 500 €/m2. «Sitôt que le contrôle exercé sur les prix dans la commune a été stoppé, avec le changement de majorité en 2014, ils ont commencé à grimper. Ils ont pris presque 25 % en deux ans», calcule Luc Boillot, de l’agence du même nom. La politique de préemption menée par l’ancienne majorité municipale avait eu pour effet de les plafonner pendant près de vingt ans. Il faut dire que la ville, collée à la capitale, est particulièrement bien desservie, avec trois stations de métro, une gare de RER, et bientôt la ligne 14, tout en étant à une station du grand nœud de correspondances de Saint-Denis-Pleyel. Malgré l’émergence du quartier des Dock, c’est le secteur Garibaldi, au pied de la ligne 13, qui demeure le plus prisé des investisseurs. C’est là en effet que se situe le cœur de ville agrémenté de commerces. Et les petites surfaces s’y vendent à prix d’or, souvent bien au-delà de la moyenne de ceux du secteur. Rue Pasteur, entre la porte de Saint-Ouen et le métro Garibaldi, un studio de 23,76 m² à rénover s’est vendu en trois jours, dans un immeuble 1930, pour 123 000 €. Non loin, dans une résidence de 2007, un deux-pièces de 37,2 m² avec balcon et parking s’est envolé à 212 000 € dans la journée, soit près de 5 600 €/m2. Il faut dire qu’historiquement, à saint-Ouen, l’amplitude des prix était tenue. «Le médiocre se vendait presque aussi cher que le très beau. Désormais, les différences sont largement plus marquées», conclut Luc Boillot.
*Des résidences principales

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