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Peau: comment limiter les méfaits du froid

En hiver, le froid soumet notre peau à rude épreuve. Elle sèche, craquelle, s’irrite, démange. Gerçures, crevasses ou engelures, focus sur les bobos du froid et les moyens de s’en prémunir.

ême si, cette année, l’hiver s’est montré plutôt clément jusqu’à la mi-janvier, il n’en a pas moins laissé ses stigmates sur la peau de certains. Pas besoin, effectivement, de baisses spectaculaires de températures pour que notre épiderme affiche quelques signes de souffrance.

Le froid modifie la nature de la peau et la circulation sanguine

Notre épiderme subit des agressions à la fois en surface et en profondeur. Sur sa surface, d’abord, la peau est recouverte d’un film hydrolipidique, une sorte de pellicule protectrice composée de sébum (un liquide gras produit par les glandes sébacées), d’eau, de sueur et de cellules mortes. Cette barrière, qui hydrate et protège la peau, pâtit du froid, du vent et de l’humidité de l’hiver et se montre moins efficace. Résultat, ses propriétés hydratantes diminuent, la peau qu’elle recouvre est plus sèche et fragilisée. Plus en profondeur, “les cellules de la peau sont liées par des acides gras, explique le Dr Nina Roos, dermatologue à Paris. En hiver, la nature de ce ciment lipidique change, assurant une moins bonne cohésion cellulaire. Conséquence: la barrière cutanée devient poreuse. La peau pèle plus facilement, elle laisse s’évaporer l’eau, tend donc à s’assécher, et permet plus volontiers aux allergènes et agents irritants de pénétrer”.
À ces modifications de la nature même de la peau s’ajoute un autre phénomène, lui aussi délétère. Sous l’effet du froid, les vaisseaux sanguins cutanés se contractent pour limiter les pertes de chaleur et garantir le maintien de la température à 37°C. Autrement dit, l’afflux sanguin privilégie les organes profonds au détriment de la peau. “L’ensemble de la peau est moins bien vascularisé, un phénomène qui s’observe en particulier au niveau des extrémités: doigts, oreilles, bout du nez…”, indique le Dr Roos.
Hydratation et protection suffisent

à prémunir la peau du froid

“Dès qu’il fait moins de 10°C, les premiers signes du froid se manifestent”, reprend le Dr Roos. Toute l’année aussi, mais encore plus en hiver, “la meilleure des préventions consiste à hydrater quotidiennement sa peau, un geste qui permet aussi d’en freiner le vieillissement, souligne le Pr Philippe Modiano, chef du service de dermatologie de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Lille. Pour cela, le recours à n’importe quelle crème neutre est une excellente habitude à prendre”. En fonction de la nature de sa peau, il est possible d’opter pour des produits spécifiques: “lait pour les peaux peu sèches, crèmes pour les peaux sèches, baume pour celles qui sont très sèches”, détaille Nina Roos. L’autre élément essentiel pour éviter gerçures et engelures consiste à se protéger correctement du froid. Un conseil qui peut passer pour une lapalissade, mais qui reste pourtant trop souvent non suivi. “Il ne faut pas hésiter à porter des gants ou un collant sous le pantalon dès qu’on sort, en particulier lorsqu’on pratique un sport d’extérieur ou qu’on se déplace en deux-roues. Et cela, même si la durée d’exposition au froid est de courte durée”, précise le Dr Roos. Multiplier les épaisseurs de vêtements est également une bonne idée. L’air contenu entre chaque couche jouera le rôle d’un isolant. Quant au port d’un bonnet, “il protège non seulement la tête et les oreilles, mais, on l’a constaté, il limite paradoxalement aussi les poussées d’engelures sur les pieds et les mains”, indique le Pr Modiano. Dans vos chaussures, notamment si vous partez skier, vous pourrez opter pour des semelles en laine d’agneau épaisses et chaudes, voire pour des chaussettes chauffantes. Toujours dans le registre du ski, veillez à ce que vos chaussures soient bien adaptées: trop serrées, elles ne feront que majorer la vasoconstriction (diminution du calibre des vaisseaux sanguins) et augmenteront les risques d’engelures.

Les principaux dommages de la peau en hiver

Les dartres. Ce sont des plaques sèches rosées ou rouges qui démangent et peuvent provoquer une dépigmentation. Elles constituent l’une des manifestations de la dermatite atopique, une affection de la peau fréquente chez les enfants et qui concerne près de 2 adultes sur 10. Sans gravité, cette pathologie prédispose aux poussées d’eczéma et à la sécheresse cutanée. Il est conseillé de consulter un dermatologue quand les plaques apparaissent souvent ou dépassent quelques centimètres. Pour les traiter, l’application de crèmes hydratantes apaisantes soulage. Regroupées sous l’étiquette “crème ou baume émollient pour peaux atopiques”, elles contiennent des agents anti-inflammatoires et anti-démangeaisons.
Les gerçures. Ce sont des lésions superficielles correspondant à une érosion ou à des fissures qui se forment sur une peau asséchée par le froid. En se déshydratant, la peau tiraille et de petits sillons se creusent. Ces menues coupures, souvent localisées sur la pulpe des doigts ou les lèvres (où la peau est très fine), mais aussi sur les talons ou les oreilles, se montrent très douloureuses en raison du contact à l’air des terminaisons nerveuses. Pour les traiter, appliquez une crème hydratante grasse (vaseline, beurre de karité…) et un baume cicatrisant (du type Cicalfate ou Cicaplast). L’application d’une crème barrière (Topialyse, Exomega, Bariéderm) peut aussi aider à protéger les mains en y déposant une sorte de gant invisible résistant à 3 lavages, les protégeant des allergènes et des produits irritants.
Enfin, conservez dans votre poche un stick à lèvres que vous penserez à utiliser plusieurs fois par jour. À la montagne, veillez à ce qu’il renferme un actif anti-UV. “On pense parfois que les douleurs aux lèvres sont des gerçures alors qu’il s’agit de brûlures liées aux rayons du soleil”, souligne le Pr Modiano. Autre atout de ces sticks: ils limitent les envies de passer la langue sur les lèvres afin de les humecter. Un geste qui soulage sur le coup, mais qui contribue finalement à irriter et assécher davantage les lèvres déjà abîmées.
Les crevasses. Une crevasse est une gerçure profonde.
Les engelures. Il s’agit de lésions qui prennent la forme de papules rouges ou violacées, qui apparaissent aux extrémités, en particulier sur les pieds et les mains. Elles sont dues à la vasoconstriction des capillaires cutanés en hiver, et, plus particulièrement, à l’association du froid et de l’humidité. Les engelures sont souvent douloureuses, accompagnées de fourmillements, de démangeaisons ou d’une sensation de brûlure. Lorsqu’elles se font trop fréquentes ou naissent même en dehors de l’hiver, une consultation chez le dermatologue est conseillée pour éliminer d’autres diagnostics aux symptômes identiques. Leur traitement passe avant tout par un réchauffage progressif à l’aide d’une couverture ou d’un trempage de la zone engelée dans de l’eau tiède. Quand les poussées sont fréquentes, des médicaments à base de cortisone, voire des vasodilatateurs, pourront vous être prescrits.
Les gelures. Ce sont les plus graves dommages causés par le grand froid. Exposée trop longtemps à des températures négatives, la peau pâtit de la formation de cristaux de glace dans le milieu cellulaire et souffre d’une ischémie (arrêt ou insuffisance de la circulation sanguine) provoquée par une forte contraction des vaisseaux sanguins. Si l’exposition au froid se prolonge, les gelures peuvent conduire à une nécrose nécessitant une amputation.
Ces lésions restent heureusement très rares. Elles se rencontrent principalement chez les sans domicile fixe (SDF) et les amateurs de haute montagne.

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