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HLM: le taux d'effort des locataires devient "insupportable"

Le taux d'effort des locataires HLM, déjà fragilisés par la crise, devient moins en moins supportable, selon une enquête de la CLCV. Le phénomène est notamment dû à la hausse des charges locatives, à la dégradation des salaires des occupants et à la réduction du financement des pouvoirs publics.

La CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), a passé en revue les rapports de 45 bailleurs sociaux établis par la Mission d'inspection du logement social (Miilos), qui est chargée de contrôler la gestion des OPHLM (Organismes publics d'habitation à loyer modéré). "Si le logement social joue très utilement sa fonction d'amortisseur pour les ménages les plus précaires, cette fonction est aujourd'hui fragilisée", souligne l'association de consommateurs.

Des loyers HLM de moins en moins abordables

Dans un contexte de forte augmentation des loyers du parc privé, le principe du "loyer modéré" pourrait laisser penser que le coût du logement est plus facilement supportable pour les locataires de HLM. En réalité, cette opinion doit être nuancée, car le montant des charges est beaucoup plus élevé dans le secteur social. D'après les chiffres des services statistiques du ministère des Affaires sociales, le taux d'effort des locataires (loyer + charges - allocations logement) a fortement augmenté pour les locataires du parc social, passant de 16 % en 1984 à 21% en 2006, contre 26% dans le secteur privé. Si cette hausse est notamment due à l'augmentation des charges récupérables, elle est aussi liée à la dégradation des revenus des locataires HLM. Désormais, 4 locataires de HLM sur 10 font partie des Français les plus modestes. Cet appauvrissement s'explique par une modification des dispositions légales et réglementaires régissant l'accès et le maintien dans le parc social, des évolutions sociales et économiques, notamment la hausse du chômage et du nombre de familles monoparentales.

Des financements publics de plus en plus inexistants

"Dans ce contexte de croissance des coûts, il apparaît que le financement des nouveaux logements sociaux mobilise de plus en plus les fonds propres des organismes et donc les ressources des locataires", constate la CLCV. Ainsi, les bailleurs doivent constituer plus d'excédents sur les loyers pour financer les nouveaux logements. Face à cette baisse du financement public, les organismes HLM ont donc tendance à augmenter les loyers et les charges. Cette politique met pourtant en péril son modèle économique car il tend à instaurer un système de mutualisation, en ce sens que les locataires HLM "installés" sont amenés à financer les logements des nouveaux entrants. Pour la CLCV, cette philosophie est "dangereuse, car elle laisse les locataires HLM se débrouiller entre eux, alors que la production de logements pour les ménages les plus précaires doit relever du champ de la solidarité nationale". D'autant que les loyers des logements sociaux nouvellement construits induisent des taux d'effort rédhibitoires pour des locataires à bas revenus.

L'association demande donc aux pouvoirs publics de garantir pour les locataires HLM des augmentations de loyers soutenables et n'amputant pas gravement leur pouvoir d'achat.

Stéphanie Alexandre

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