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Des pistes pour maîtriser sa transpiration

Avec l’arrivée des beaux jours, le thermomètre grimpe. En cas de fortes chaleurs, mais aussi de fièvre ou d’effort physique, la température du corps augmente anormalement. Pour la réguler, l’organisme produit de la sueur, dont l’évaporation réclame de l’énergie, par conséquent de la chaleur. Autrement dit, en s’évaporant, la sueur “consomme” un peu de la chaleur du corps et contribue ainsi à en faire diminuer la température. Elle joue donc un rôle de thermorégulation. Elle participe aussi à l’entretien de la peau, en y déposant des acides lactiques et différentes substances nécessaires à son hydratation. Par ailleurs, son pH acide lui confère des propriétés antibactériennes et antifongiques qui préviennent les infections.

Bien qu’elle soit utile, voire indispensable, au bon fonctionnement de l’organisme, la sueur n’en est pas moins désagréable: elle s’accompagne d’une sensation de moiteur, de traces blanches sur les vêtements (elles sont dues au sel contenu dans la sueur) et de mauvaises odeurs. La réponse à ces désagréments passe par l’utilisation de déodorants et d’antitranspirants. Voici quelques éléments qui vous permettront de choisir la solution qui vous convient.

Les déodorants masquent les mauvaises odeurs

Les rayons des grandes surfaces regorgent de déodorants promettant une efficacité maximale, parfois pendant plusieurs jours. “Tout d’abord, il faut distinguer les déodorants des antitranspirants”, précise le Dr Hervé Maillard, chef du service de dermatologie du centre hospitalier du Mans.Bien que vendus sur les mêmes étalages, ce sont, en effet, des produits différents. Les premiers renferment des agents parfumants (parfums de synthèse, huiles essentielles…) et des substances antibactériennes. En détruisant les bactéries présentes à la surface de la peau, le produit limite la dégradation des acides gras de la sueur, et donc les mauvaises odeurs.

La substance bactéricide est parfois de l’alcool, efficace, mais pas toujours bien toléré par la peau, qui risque de s’assécher, parfois du triclosan (voir LPP n° 402, "Les cosmétiques malades de leur conservateurs"). Ce dernier, suspecté d’être un perturbateur endocrinien, a été interdit dans les produits de rasage par un règlement européen du 9 avril 2014 (n° 358/2014), mais est encore autorisé dans les dentifrices, les savons et les déodorants. Ce sont ses propriétés biocides qui sont problématiques. “Si le rôle de perturbateur endocrinien du triclosan reste, malgré tout, nébuleux (la littérature scientifique est faible sur le sujet), il est certain que ce produit est susceptible d’induire des résistances bactériennes et de réduire l’efficacité des antibiotiques”, souligne le Dr Maillard. En fait, c’est plutôt la question de l’utilité des déodorants qui se pose. “Un simple lavage au savon et à l’eau chaude suffit, précise le Dr Isaac Bodokh, chef du service de dermatologie de l’hôpital de Cannes. De plus, le pH de la sueur étant acide, il a, à lui seul, une action antibactérienne. Si la transpiration est normale, il me semble inutile d’utiliser un déodorant.”

Les antitranspirants limitent la sécrétion de sueur

Les dermatologues considèrent les antitranspirants (appelés aussi antiperspirants ou détranspirants) avec plus de bienveillance. Grâce aux sels d’aluminium qu’ils contiennent, ces produits limitent la quantité de sueur secrétée par les glandes sudoripares (ou sudorales). Ces sels figurent sous différentes formes et autant d’appellations dans la liste des composants: chlorhydrate d’alumine, hydroxyde d’aluminium… Tous obéissent au même principe: “Au contact de la sueur présente sur la peau, ils captent un ion H+ [ion hydrogène, c’est-à-dire un atome d’hydrogène ayant perdu un électron, Ndlr] et diminuent, par conséquent, la quantité d’eau, indique le Dr Maillard. En d’autres termes, ils absorbent l’eau de la sueur, ce qui explique, notamment, pourquoi ils peuvent être irritants. Parallèlement, ils induisent une augmentation de la production de kératine au niveau des pores, ce qui va les boucher et empêcher l’évacuation de la sueur.” Les sels d’aluminium sont donc efficaces, mais soupçonnés d’être toxiques.

Les sels d’aluminium sont efficaces, mais pas vraiment inoffensifs

Les sels d’aluminium ont d’abord été suspectés de majorer les risques de cancer du sein, mais les études scientifiques rejettent cette hypothèse. Dans un rapport de 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) concluait que “l’exposition à l’aluminium par voie cutanée ne peut pas être considérée comme présentant un risque cancérigène”. Par contre, les risques de neurotoxicité et d’atteinte osseuse demeurent, les sels d’aluminium étant susceptibles de passer la barrière de la peau pour se répandre dans l’organisme, surtout si la peau est lésée après un rasage ou une épilation, par exemple (la quantité d’aluminium franchissant le passage cutané est alors 18 fois supérieure à celle absorbée par une peau saine). Aussi l’Afssaps préconisait-elle que la concentration d’aluminium dans les antitranspirants soit limitée à 0,6 %. Les fabricants ne sont pas tenus de respecter ce taux, ni même de le faire figurer sur leurs produits. Malgré nos demandes, les producteurs d’antitranspirants vendus en grande distribution n’ont pas accepté de communiquer les quantités d’aluminium de leurs cosmétiques. Quant aux antitranspirants distribués en pharmacie, ils peuvent contenir jusqu’à 20 % de sels d’aluminium, soit 5 % d’aluminium. Les fabricants, conscients des craintes des consommateurs, proposent de plus en plus de produits exempts d’aluminium. Mais “seuls les sels d’aluminium ont montré leur efficacité”, assure le Dr Maillard. Autrement dit, l’alternative est simple: utiliser soit des produits efficaces dont l’innocuité est incertaine, soit des succédanés peu opérants.

Pour freiner la prolifération bactérienne: hygiène et bon sens

L’emploi d’un pain sans savon ni parfum suffit à ôter la pellicule de graisse sur la partie superficielle de la couche cornée et à entraîner les bactéries avec elle. Par contre, les savons risquent de modifier le pH de la peau, et donc de l’irriter. Quant à la pilosité, si elle n’a aucune incidence sur la quantité de sueur secrétée, elle peut en avoir une sur l’odeur. En effet, les poils étant le repaire de nombreuses bactéries, les supprimer permet d’empêcher la prolifération bactérienne. Mais l’épilation risque de provoquer une réaction inflammatoire, qui peut, elle aussi, favoriser la pullulation de microbes. Par ailleurs, le changement quotidien de vêtements est essentiel pour limiter la multiplication des bactéries. Les dermatologues recommandent le port de tenues amples, de couleurs claires et en matière naturelle (coton, soie ou lin), qui permettent à la sueur de s’évaporer. Privilégiez les chaussettes en coton et les chaussures en cuir. Certaines semelles contenant du charbon qui absorbe les bactéries atténuent l’odeur de transpiration, mais elles doivent être changées chaque semaine et coûtent cher (environ 15 €).

Enfin, les épices, le café, le thé, le tabac et l’alcool “accélèrent le rythme cardiaque, ce qui se traduit par une dilatation des vaisseaux cutanés et, par ricochet, une augmentation de la quantité de sueur”, explique le Dr Maillard.

La transpiration pathologique est très gênante, mais souvent bénigne

Il arrive que les glandes sudoripares sécrètent une quantité anormalement élevée de sueur. Cette pathologie, appelée hyperhidrose, n’est pas grave, mais peut détériorer la qualité de vie et les relations sociales. Si sa prévalence est estimée à près de 3 % de la population européenne, les spécialistes pensent que de nombreux patients ne sont pas traités, soit parce qu’ils n’osent évoquer leur problème de transpiration devant leur médecin, soit parce qu’ils croient que rien ne peut y remédier. Il existe pourtant des traitements. Les dermatologues peuvent injecter de la toxine botulique (comme le Botox) dans les aisselles (ces injections sont beaucoup moins souvent réalisées sur les pieds et les mains, où elles sont délicates à pratiquer). La toxine bloque les récepteurs d’acétylcholine (un neurotransmetteur) des glandes sudoripares ; l’influx nerveux (nécessaire au fonctionnement des glandes) ne leur parvenant pas, elles ne produisent pas de sueur. Très efficace, l’intervention doit, toutefois, être renouvelée tous les 6 à 8 mois et est onéreuse: environ 400 € par séance.

Autre possibilité, l’administration de molécules anticholinergiques, qui empêchent l’envoi de l’ordre de sécrétion de sueur aux glandes sudorales. Ces médicaments sont prescrits en première intention quand l’hyperhidrose atteint plus de 3 régions du corps ou résiste aux autres traitements. L’hyperhidrose des pieds et des mains se traite par ionophorèse: le patient plonge pieds ou mains dans un bac rempli d’eau où circule un courant électrique de faible intensité, chargé de perturber le fonctionnement des glandes sudoripares. Cette méthode agit immédiatement chez un tiers des patients ; un autre tiers doit recommencer toutes les semaines ; le dernier tiers ne constate aucune amélioration. Reste alors la voie chirurgicale: la sympathectomie consiste à détruire des ganglions du système nerveux sympathique, qui transmet les instructions de l’hypothalamus aux glandes sudorales. Une intervention efficace mais lourde, qui peut être suivie d’une hyperhidrose paradoxale, c’est-à-dire qu’une transpiration abondante affecte une nouvelle zone du corps.

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