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Focus: "Bag in Box" du vin économique qui devient bon?

Conviviales et économiques, les fontaines à vins attirent de nombreux consommateurs. Au point de peser plus du tiers des volumes vendus en France. “Cubiton”, “BIB”, “Wine Pouch”…, les formats se multiplient et les cuvées montent en gamme.

Le Bag in Box est un emballage en carton dans lequel une poche en plastique conserve le vin sous vide. L’écoulement s’effectue sous la pression atmosphérique. La poche souple se rétracte évitant l’entrée d’air. Le vin s’y conserve en principe 6 semaines, et le risque d’oxydation est quasi nul, car l’air n’entre pas. En 2004, nous parlions d’un conditionnement révolutionnaire (LPP n° 291), 11 ans plus tard, le BIB est devenu un poids lourd en rayon. Plus du tiers (35,4 %) des volumes de vins sont vendus en France sous ce format (FranceAgriMer ventes 2013-2014). Les ventes progressent constamment (+ 6,6 % en volume et + 11,3 % en valeur entre 2013 et 2014). Cette année, un concours leur est consacré pour la première fois et un guide de sélection sort en librairie, en mai. Le premier concours mondial de vins en BIB dégustés à l’aveugle met en lice 260 échantillons en provenance de 12 pays (résultats sur best-wine-in-box.com). “Nous voulons démontrer que beaucoup de ces vins en BIB sont très bons. En France, ce type de conditionnement a parfois une image discutée alors que dans les pays nordiques, Suède et Norvège en tête, il est très répandu”, déclare Nadine Franjus, l’une des organisatrices, à ladepeche.fr. C’est un maître sommelier qui signe le premier guide du genre. “Nous avons goûté et noté 180 BIB achetés dans la grande distribution et répété l’exercice à 4 reprises, jusqu’à 5 semaines après l’ouverture. On a pu ainsi juger de la conservation. Les notes sont le résultat des moyennes à chaque étape. Cent vins (55 %) ont obtenu plus de 10/20. Une trentaine de médailles ont été accordées pour les notes supérieures à 12,5/20 et nous commentons les 10 plus mauvais, comme ce vin à 1,28 € le litre”, détaille Jean-Michel Deluc, l’auteur du guide (voir l'encadré "En avant-première pour Le Particulier Pratique!").

Les vins de bonne qualité et le BIB

Le marché du BIB propose surtout du rouge. Côté qualité, on trouve en majorité des entrées de gamme sous indication géographique protégée (IGP) de cépage. Le prix moyen des BIB est de 2,62 € le litre. Pour atteindre les consommateurs exigeants, les producteurs peaufinent l’emballage (telle la marque Cubiton) et la qualité du vin. Si les IGP (57 % des volumes commercialisés) ont été les premiers à “embiber” leurs produits, les appellations d’origine protégée (AOP) françaises (26 % des volumes commercialisés) leur ont emboîté le pas, à l’exception des Alsaciens, une loi de 1972 les obligeant à commercialiser leurs vins en bouteille. BiBoViNo, une nouvelle franchise lancée en 2014 a pour objectif de vendre du vin en BIB au goût irréprochable. Leur fourchette de prix se situe entre 6 et 20 € le litre. “C’était culotté de proposer ce Château Peyredon-Lagravette Haut Médoc 2013 à 40 € les 2 litres et c’est un franc succès, sans doute parce que, dans les magasins, les clients peuvent tout goûter”, s’étonne le sélectionneur, Bruno Quenioux, qui rêve d’ajouter une appellation bourguignonne à son catalogue. Les faibles volumes des derniers millésimes ne l’ont pas permis. Le BIB n’est pas courant non plus pour les Côtes-de-Provence. Il a permis d’ouvrir des débouchés au Domaine de Grandpré. “Peu de domaines en proposent dans notre région. Nous avons choisi d’embiber nous-mêmes les vins de nos jeunes vignes, qui auraient sinon fini en vrac. C‘est un rapport qualité-prix intéressant adapté aux occasions festives: 25 € les 5 litres [soit l’équivalent de 6,6 bouteilles, NDLR] contre 40 € le carton de 6 bouteilles…”, précise Valérie Vidal Revel, la productrice. Pour bien estimer les prix, comparez les contenants (dans le commerce, on trouve des BIB de 2,25 l ; 2,5 l ; 3 l ; 5 l et 10 litres).

Embibage et niveau des sulfates

La température de stockage reste un point sensible. “Il ressort de nos dégustations répétées pour notre guide qu’il vaut mieux ne pas trop attendre”, confirme Jean-Michel Deluc. Six mois de conservation non ouvert et 3 semaines dans son réfrigérateur seraient le mieux. L’embibage est une phase délicate à cause du risque de contact avec l’air lors de l’opération. BiBoViNo revendique un cahier des charges drastique, mais refuse d’en donner le détail. Par ailleurs, les doses de sulfite ajoutées (un conservateur du vin, allergène pour les humains) restent modiques. “Nos rouges ne sont pas filtrés en général, il n’y a pas d’acide ascorbique ni de gomme arabique ajoutés, et les doses de sulfites tournent autour de 70 à 90 mg / litre de SO2 total [la norme européenne est de 150 mg / litre de SO2 total, NDLR]”, précise Bruno Quenioux.

Des fontaines à vin écologiques

Biocoop, friand de vins bio et natures, ne parvient pas à proposer du BIB sans sulfites ajoutés. Il commercialise 35 références sous ce format, dont un rosé bio à prix plancher sous l’estampille “La bio, je peux!” qui sera commercialisé en juin, annonce Benoît Roger, le chef de marché secteur épicerie et liquide. “Nous cherchons à renforcer l’offre de BIB sous AOP, nos clients demandent des vins plus typés avec un lien fort au terroir.” Depuis 2 ans chez Biocoop, une variante du BIB d’une contenance d’1,5 litre fait un tabac: la Wine Pouch. Conçu pour être transporté facilement avec sa poignée, le produit offre un bon bilan carbone: “La réalisation de ce packaging émet 80 % de carbone en moins par rapport à l’équivalent de 2 bouteilles en verre”, d’après le fabricant. Le vin existe depuis 8 000 ans, la bouteille en verre depuis 250 ans et le BIB depuis 65 ans. Reste à savoir si ce contenant ne supplantera pas un jour la bouteille de verre?

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