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Faut-il payer pour stocker et partager ses données en ligne?

Pour ne pas encombrer la mémoire de vos ordinateurs, smartphones ou tablettes, vos fichiers numériques sont sauvegardés dans des sites de stockage en ligne, des clouds. Ils deviennent consultables depuis n’importe quel appareil. Les clouds accueillent gratuitement de petits volumes de données et font payer pour de plus grands espaces.

Dans leurs schémas de réseaux, les informaticiens symbolisent internet par un petit nuage («cloud», en anglais). Aujourd’hui, le monde de l’informatique vit à l’heure du «cloud computing», que vous utilisez peut-être sans le savoir si vous disposez de l’accès à distance à votre messagerie professionnelle par l’intermédiaire d’un webmail. Ou si vous avez ouvert une adresse mail gratuite auprès de Yahoo, Gmail (Google), Hotmail, etc. Ou encore si vous possédez un smartphone ou une tablette que vous avez synchronisé sur un serveur à distance (iCloud, pour les produits Apple, par exemple), afin de sauvegarder en permanence vos fichiers, contacts, photos, morceaux de musique et applications. En effet, où que vous soyez dans le monde et quel que soit le terminal que vous utilisez (ordinateur, smartphone, tablette…), vous avez accès à toutes vos données. Vos fichiers sont stockés automatiquement dans un serveur distant et vous les consultez depuis ce serveur. Les avantages sont nombreux. Plus besoin d’emporter ses disques durs nomades, clés USB et autres DVD de sauvegarde. Vous disposez en permanence de la dernière version de votre fichier.
S’il est né des usages professionnels, le cloud ne se limite plus aux seules applications bureautiques. Outre les documents de travail (word, excel, powerpoint, pdf, etc.), on peut y stocker tous types de fichiers numériques multimédias: photos, vidéos, musique, etc. Et, cerise sur le gâteau, les différentes offres s’affranchissent des frontières techniques entre marques et systèmes d’exploitation. La compatibilité est totale, que vous soyez utilisateurs de la marque Apple et de ses formats propres, de Windows ou de logiciels libres sous Linux.

Des espaces gratuits confortables

Les plus grands hébergeurs mondiaux offrent tous des espaces de stockage gratuits. Deux gigaoctets (2 Go) au minimum chez Dropbox, 5 Go chez Apple et Amazon, 7 Go chez Microsoft, voire 25 Go chez le français Hubic, les capacités sont très variables mais souvent suffisantes pour la plupart des utilisateurs. Microsoft justifie d’ailleurs le dimensionnement de son offre gratuite: «Plus de 99,9 % des utilisateurs stockent des données dont la taille cumulée n’excède pas 7 Go.» Et pour ces géants américains, mettre de tels espaces de stockage à disposition n’est pas très compliqué grâce à leurs colossales infrastructures. Leurs fameux «datacenters» (voir en complément de cet article "Lexique: faut-il payer pour stocker et aprtager ses données en ligne?"), grands comme des terrains de football, sont surdimensionnés afin de ne pas être saturés sous le poids de centaines de millions de connexions en période de pointe… mais tournent au ralenti la plupart du temps. Amazon, Apple, Google et consorts amortissent leurs investissements en offrant de l’espace gratuitement pour mieux fidéliser les clients et faciliter le renouvellement, donc la vente, de terminaux (quelques clics suffisent à synchroniser, depuis le cloud, tous les contenus de ses précédents smartphones ou tablettes sur de nouveaux appareils).

Attention: envoyer ou consulter vos contenus sur les clouds puise dans votre quota d’internet, excepté pour les utilisateurs du Cloud d’Orange. Pour éviter de le consommer en quelques minutes, une simple précaution suffit: pour synchroniser vos contenus, cocher la préférence «wifi uniquement» dans le menu réglages (ou paramètres) de votre smartphone ou tablette (si elle est équipée de carte Sim).

La pérennité du stockage n’est pas toujours garantie

Bien entendu, tous ces opérateurs garantissent une sécurité maximale. Les données sont physiquement stockées dans trois endroits, datacenters, différents. Les précieuses données sont ainsi conservées à l’abri d’un incendie, d’une catastrophe naturelle ou d’une banale panne d’électricité! Côté sécurité informatique, la sauvegarde et la confidentialité des données bénéficient du nec plus ultra en matière de cryptage. Rien n’assure cependant que cela suffise à les immuniser contre les cyber-attaques les plus virulentes. Les protocoles utilisés satisfont aux mêmes normes que les coffres-forts numériques, autres espaces de stockage en ligne de documents de haute importance que banques et assurances commercialisent de plus en plus (voir Et si vous rangiez vos papiers dans un coffre-fort numérique?).

En revanche, la lecture attentive des conditions d’utilisation des clouds réserve quelques mauvaises surprises. À commencer par la pérennité des fichiers hébergés. Un exemple qui vaut pour presque tous: les utilisateurs de comptes gratuits Dropbox doivent ainsi prendre conscience que l’opérateur «se réserve le droit de (les) résilier à tout moment, avec ou sans préavis». Une épée de Damoclès qui menace aussi les détenteurs de compte trop peu assidus: «Dropbox peut supprimer tout ou partie de vos fichiers, sans préavis, s’il s’avère que votre compte gratuit demeure inactif pendant 90 jours.» À l’opposé, l’hébergeur français Hubic se montre très prévenant: à défaut de connexion par le client sur une durée prolongée (non précisée par la société), Hubic alerte via un courriel de l’expiration de son service sous 30 jours. Un délai suffisant pour réactiver son cloud.
Quel que soit le prestataire, les abonnés aux offres payantes annuelles sont, quant à eux, tranquilles pour 12 mois et le service leur est, bien entendu, garanti tout au long de cette période. Passé l’échéance initiale, il faut renouveler son abonnement dans les 30 jours qui suivent, sous peine d’effacement de toutes ses données. Aucun des contrats d’hébergement sur le cloud, qu’ils soient mensuels ou annuels, n’est à tacite reconduction. C’est donc à l’usager de surveiller l’échéance (des mails abondants la confirme) pour renouveler son abonnement ou, a contrario, stopper les prélèvements mensuels.

Le piège de la gratuité temporaire

Les espaces de forte capacité offerts de façon temporaire peuvent devenir une source de déconvenue. C’est, par exemple, le cas de Dropbox qui met à disposition de tout acheteur d’une tablette Samsung un accès de 50 Go valable 2 ans. 50 Go, c’est très volumineux et en 2 ans, l’utilisateur a le temps d’amonceler bon nombre de contenus. Mais qu’advient-il une fois la période de gratuité échue? Soit l’internaute rapatrie ses fichiers sur d’autres espaces gratuits, soit il doit s’abonner à Dropbox. La première formule payante est de 100 Go à 9,99 $ US/mois, soit 7,45 € (ou 99 $US/an, 73,84 €). Et, s’il ne réagit pas à temps pour reconvertir son compte gratuit, le consommateur risque de perdre tous ses contenus!

Ce qu'il faut retenir

  • Le cloud permet de disposer de la sauvegarde et de la consultation de tous ses contenus numériques (textes, tableurs, photos, vidéos, musiques, applications, etc.) sur tous ses terminaux: ordinateur, martphone, tablette et même console de jeux.
  • Les offres gratuites sont suffisantes pour la grande majorité des utilisateurs (voir 10 hébergeurs de stockage dans le «cloud»).
  • Utiliser le cloud ne doit pas vous dispenser de sauvegarder régulièrement vos données sensibles sur un disque dur amovible personnel, par exemple.

Michel Ébran

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