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Les entremetteurs du Web

Pour trouver l’âme sœur, les Français utilisent de plus en plus fréquemment les outils nés avec l’avènement d’internet.

Il y a encore 20 ans, les services de rencontre se limitaient au minitel rose, aux agences matrimoniales et aux petites annonces du Chasseur français. La mutation débute en 2002 avec la création de Meetic par Marc Simoncini. Très vite, le grand public afflue vers ce site qui dépoussière et banalise le secteur des intermédiaires de rencontre. Ce succès suscite des vocations. On estime, aujourd’hui, à 2 000 le nombre des sites de rencontre destinés aux internautes français. Il est vrai que les perspectives sont alléchantes: avec 18 millions de célibataires en France, les clients potentiels ne manquent pas. Ils semblent même tout disposés à s’aventurer sur internet pour sortir de la solitude. Le 3e baromètre de l’économie numérique de l’université Paris-Dauphine et Médiamétrie montrait, l’année dernière, que, chez les plus de 15 ans, 3 internautes sur 10 se sont déjà inscrits sur un de ces sites.
Il est difficile de savoir précisément combien de membres compte chacun de ces sites. Ils en affichent plusieurs millions, mais ce chiffre représente généralement l’ensemble des inscrits depuis le lancement du service. Or, seul le nombre de membres actifs permet d’évaluer le dynamisme d’un site, une donnée que les entremetteurs du Web se gardent bien de communiquer.

Des algorithmes pour définir la compatibilité

Certains sites misent sur des algorithmes de compatibilité pour dénicher le partenaire idéal de leur client, promettant ainsi des rencontres sérieuses et durables. Parship.fr, destidyll.com et edarling.fr, imités par meeticaffinity.fr, fonctionnent sur ce principe des rencontres par affinités, ou matchmaking: lors de votre inscription, vous remplissez de longs questionnaires et êtes soumis à des tests psychologiques afin de dessiner votre personnalité. En confrontant vos résultats avec ceux d’autres membres, les sites prétendent pouvoir trouver votre alter ego.
D’autres acteurs de la rencontre en ligne cherchent à tirer leur épingle du jeu en tablant sur la présence de nombreuses femmes parmi leurs membres. Ainsi, adopteunmec.com, mecacroquer.com ou jobmetender.fr jouent la carte de la gentille provocation. Ici, les hommes ne sont autorisés qu’à “se vendre” sur leur fiche de présentation, l’initiative des contacts étant l’apanage des femmes. Pour encore mieux séduire ces dernières, ces sites ne facturent leurs services qu’aux hommes.

La loi du “qui se ressemble s’assemble”

L’ultraspécialisation est l’une des autres stratégies adoptées par les sites de rencontre. L’heure est au “qui se ressemble s’assemble”. On ne compte plus les sites communautaires conçus pour réunir les célibataires de même bord politique (droite-rencontre.com, gauche-rencontre.com, ainsi que gay-droite.com et gay-gauche.com) ou de même religion (jdream.fr, jdate.fr pour les juifs ; theotokos.fr, sanctusraphael.com pour les chrétiens ; inchallah.com, meetarabic.com pour les musulmans), ceux destinés aux agriculteurs et aux amoureux bucoliques (rencontre-agriculteur.com, atraverschamp.com, agriflirt.fr), aux passionnés de high-tech (geekmemore.com) ou de cuisine (marmitelove.com), aux seniors (2seniors.fr, club50etplus.com, netsenior.fr)…

Une sélection sévère à l’entrée

Pour mieux se démarquer, d’autres sites veulent donner à leurs membres l’impression d’appartenir à une élite. C’est le cas d’attractiveworld.net, où les membres votent pour accepter ou refuser les nouveaux adhérents. L’objectif est de créer un sentiment d’exclusivité fondé sur une sélection opérée par des membres que l’on imagine exigeants. Happyfewconcept.com cultive, lui aussi, ce côté “entre soi” en n’accueillant que les diplômés des grandes écoles. Vous y serez admis si vous sortez de Polytechnique ou de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), mais serez éconduit si vous avez un doctorat d’économie obtenu dans une université de province.

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