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Bilan. Une levée de boucliers contre les pesticides

L’un des objectifs du Grenelle de l’environnement était de réduire de 50 % l’usage des pesticides dans l’agriculture. Or, en France, ceux-ci sont de plus en plus utilisés. État des lieux.

L’association Générations futures a porté plainte, fin avril, contre la Direction générale de l’alimentation (DGAL) pour mise en danger d’autrui. Selon Le Canard enchaîné, des courriers prouvent que, ces 6 dernières années, la DGAL n’a pas tenu compte des avis négatifs de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour 40 autorisations de mise sur le marché de produits phytosanitaires. En réponse, le ministre de l’Agriculture a appelé ces organismes à une plus grande transparence. L’association Agir pour l’environnement a décidé, elle, de faire pression, tout au long de l’année 2013, sur les pouvoirs publics afin d’obtenir la réduction de l’emploi des pesticides.

Les médecins tirent également la sonnette d’alarme, car des affections liées à la chimie ont été détectées. Depuis 2012, la maladie de Parkinson est classée maladie professionnelle par la Mutualité sociale agricole. Les enfants exposés in utero peuvent souffrir de troubles du développement neurologique. L’air et l’eau sont pollués par l’agriculture intensive, et même si les doses dispersées sont faibles, les risques n’en sont pas diminués pour autant, ces substances étant des perturbateurs endocriniens soupçonnés de jouer un rôle dans la recrudescence d’infertilité de la population française. De plus, les effets du mélange de ces diverses molécules ne sont pas évalués ; or, les métabolites peuvent être plus toxiques que les pesticides. Ainsi, le DDT a été interdit il y a 40 ans, mais on trouve, aujourd’hui, dans notre sang et nos graisses du DDE, son métabolite.

Échec du plan Écophyto

Le Grenelle de l’environnement a prévu de réduire de 50 % les pesticides utilisés en agriculture conventionnelle d’ici à 2018 et de les limiter à 20 % de la surface agricole utile (SAU) en agriculture biologique en 2020. Or, la France reste le troisième pays consommateur au monde de produits phytosanitaires. “Entre les périodes 2009-2010 et 2010-2011, le recours aux pesticides pour les usages agricoles a augmenté de 2,70 %”, indique le plan Écophyto du ministère.

Le dernier rapport, publié en 2013, sur l’état des rivières et des nappes d’eau souterraines en 2011 dans les bassins Rhône-Méditerranée relève un usage illicite de trois herbicides interdits (terbuthylazine, diuron, diméthénamide) et l’emploi de fortes doses de glyphosate dans les vignes beaujolaises et les vergers de pêchers du Roussillon. Par ailleurs, l’UFC-Que Choisir rappelle que la France fait partie des pays qui testent le moins de denrées et recherchent le moins de molécules.

Bruxelles minimise

Le rapport annuel de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), publié le 12 mars, confirme la contamination, en 2010, par les résidus de pesticides de 98,40 % des échantillons de denrées alimentaires analysés, mais note que seulement 1,60 % des produits dépassent les limites maximales de résidus (LMR) réglementaires. À première vue, sur le plan européen, rien de dramatique, sauf que la méthode de calcul minimise les résultats, la marge d’incertitude entre deux mesures pouvant varier de 0,50 à 1,50 mg/kg. Cet écart n’a pas échappé à Générations futures, qui dénonce le tour de passe-passe de la Commission européenne, celle-ci n’indiquant que la valeur la plus basse. Ainsi, sur 2 mg de pesticides par kilogramme de fraises, seul 1 mg est retenu.

Protéger les jeunes enfants

Les denrées les plus chargées en résidus de pesticides sont les framboises, les mûres, les agrumes, les raisins, les fraises, les poivrons, les pommes et les poires, l’avoine, les laitues et les fruits à noyau. Les moins contaminés sont les fruits à coque (dont les noix) et les bulbes (le fenouil, par exemple).

Mieux vaut privilégier les filières sans traitements phytosanitaires, comme l’agriculture biologique, surtout pour l’alimentation des jeunes enfants, dont le système immunitaire est partiellement inopérant. Le Grenelle de l’environnement oblige, d’ailleurs, les cantines à inclure 20 % d’ingrédients bio dans leur approvisionnement.

En mangeant bio, on absorbe 90 % de pesticides en moins, mais il reste encore les 10 % que l’on respire, l’air en contenant aussi, d’après les auteurs de Manger bio c’est mieux! (éd. Terre vivante). Ces derniers citent une étude, réalisée en 2005 dans l’Île-de-France, attestant la présence d’insecticides dans 55 % des poussières du sol… et sur les mains de 43 % des enfants.

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