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Une nouvelle baisse des retraites est inéluctable

Une nouvelle réforme indispensable va conduire très certainement à un allongement de la durée de cotisation et à la baisse des pensions. Une situation qu’il faut anticiper en se constituant au plus tôt un complément de retraite.

A la mi-mars, le président de la République François Hollande, en déplacement à Dijon, a annoncé que le gouvernement réfléchissait à une réforme du régime général des retraites pour la fin 2013. La principale raison invoquée? Notre système de financement affiche toujours un déficit. À la fin 2012, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), «le déficit affiché pour 2011 était de 14 milliards d’euros, soit 0,7 % du PIB. En 2020, il serait compris entre 19,8 et 21,9 milliards d’euros, soit entre 0,9 et 1 % du PIB prévu pour cette date», confie Didier Blanchet, chef du département des études économiques d’ensemble à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Depuis 20 ans, les réformes se suivent

Pourtant, pour tenter de réduire ce déficit, de nombreuses réformes se sont succédé ces vingt dernières années. En 1993, le gouvernement Balladur a cherché à faire coïncider financement du système et évolution démographique. Sa réforme a mis en lumière que la génération du baby-boom allait arriver à l’âge de la retraite à partir des années 2000 et accroître le déséquilibre entre le nombre d’actifs cotisants et celui d’inactifs pensionnés. Ce déséquilibre est d’autant plus préocupant que, parallèlement, la durée de vie s’allonge, «depuis la fin de la guerre, nous vivons de plus en plus vieux et restons donc pensionnés pendant une durée plus longue», résume Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management.

La réforme de 1993 a durci les conditions d’accès à la retraite, en augmentant le nombre d’années de cotisations nécessaires. Mais elle a surtout diminué le montant moyen des pensions de base, en asseyant leur calcul sur un salaire de référence, plus bas puisque s’effectuant désormais sur la base des 25 meilleures années de salaires contre 10 précédemment. Dix ans plus tard, la réforme Fillon a aligné le régime des pensions publiques sur celles du privé. Enfin, la dernière réforme Woerth a reculé l’âge de départ à la retraite de 2 ans pour l’ensemble des actifs, de façon très progressive. «À chaque réforme, les hommes politiques ont décidé de mettre des pansements, là où une chirurgie lourde aurait été nécessaire», déplore toutefois Dominique Prévert, associé chez Optima retraite.

Une nouvelle orientation s’impose

Aussi, n’est-il guère étonnant que toutes ces précédentes réformes n’ont pas suffi à rééquilibrer le régime général de retraite de base, loin s’en faut. Et le problème est devenu d’autant plus prégnant qu’en période de faible croissance économique, les revenus des actifs progressent faiblement. Ils ne peuvent donc pas, à eux seuls, assurer le poids du financement des pensions. L’autre souci qui vient s’ajouter à la diminution du nombre de cotisants est que les actifs entrent de plus en plus tard sur le marché du travail, et que les seniors en sortent de plus en plus tôt. Logique, car depuis le milieu des années 1970, les grandes entreprises ont souvent recouru au système de pré-retraite. Beaucoup d’entre elles continuent de se séparer de leurs actifs à l’approche de leurs 55 ans. Le douzième rapport du COR, sorti au début de cette année, a d’ailleurs noté que le taux d’emploi des 55-59 ans était de 64 % en 2011 et celui des 60-64 ans de 18,9 % ; même s’il tend à augmenter depuis 10 ans, il reste insuffisant. D’autant que «si les 55-64 ans ont un taux de chômage plus faible que la moyenne, ils peinent à en sortir: seulement 10 % des chômeurs de cet âge en 2010 ont retrouvé un emploi en 2011, contre plus d’un tiers des 30-49 ans», précise le COR. Pour le moment, seules des solutions incitatives sont mises en place pour tenter d’inverser cette tendance. La dernière en date est le «contrat de génération», qui incite financièrement les entreprises à continuer d’employer des seniors pour former des jeunes. Vu l’ampleur du problème, ce mécanisme risque, hélas, d’être insuffisant.

Outre la croissance économique, la seconde variable à prendre en compte est l’évolution de la démographie. En la matière, la France, qui affiche un taux de natalité nettement supérieur à celui de ses voisins, peut espérer subir moins de problèmes de financement à l’avenir.

Un complément de retraite devient indispensable

Le scénario médian de projections de long terme du COR montre, par ailleurs, qu’aucune détérioration n’est à attendre en 2060, avec un déficit du régime général des pensions de base qui recule même de 0,6 point de PIB. Cet argument est néanmoins à nuancer, car «le souci est de savoir s’il va être possible dans 10 ou 15 ans de payer les pensions des personnes qui ont 55 ans aujourd’hui, pas de savoir que dans 50 ans notre situation sera meilleure», alerte Philippe Waechter.

Quelle que soit l’option choisie par le gouvernement de Jean- Marc Ayrault, il faut vous préoccuper de votre niveau de vie au moment de votre cessation d’activité. Mieux vaut épargner le plus jeune possible pour vous constituer une retraite complémentaire indispensable, car les réformes, qui vont se succéder, risquent de laminer vos futures pensions. À la fin 2010, les pensionnés gagnaient, en moyenne, 1 216 € par mois, soit un niveau de vie déjà éloigné de celui des actifs (environ 2 000 € par mois) et, dans les 30 années à venir, cet écart risque de s’aggraver encore.

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