L'immobilier n'a jamais été une valeur refuge (Interview)
Pour Jean-Pierre Petit, économiste indépendant, l’actuel dégonflement de la bulle immobilière va se poursuivre. Et ce, malgré les mesures gouvernementales, qui n’apportent qu’un soutien ponctuel au marché.
Jean-Pierre Petit, Stratégiste de marché. 1986: adjoint de direction à la Banque de France 1995: adjoint au Directeur des études économiques de la BNP 1999: directeur de la Recherche économique et de la stratégie d’Exane-BNP Paribas 2009: économiste indépendant |
En 2006, alors que les prix de la pierre poursuivaient leur ascension, vous pointiez du doigt une bulle immobilière et envisagiez déjà, non son éclatement, mais un dégonflement progressif. La baisse des prix qui s’est amorcée depuis correspond-elle à vos prévisions?
J-PP: J’ai toujours pensé que la bulle se dégonflerait progressivement et non pas brutalement, comme au début des années 1990, car il y a des éléments amortisseurs à la baisse: absence de forte hausse des taux, absence de marchands de biens, moins de stocks… Contrairement à d’autres pays, il y a eu peu de taux variables distribués et des crédits bien documentés, c’est-à-dire accordés en fonction de la solvabilité des emprunteurs et non sur une appréciation de la potentialité du bien immobilier. Il y a donc peu de défauts de paiement. Cela étant, la tendance baissière, même si elle est graduelle, devrait se poursuivre. Les prix ne se sont pas encore suffisamment ajustés à la baisse. Le marché sera heurté par la hausse du chômage et des risques économiques tels que la baisse des revenus due au chômage partiel, et restera «gouverné» par les acheteurs, qui anticipent la baisse des prix. Par ailleurs, la capacité d’achat des ménages est (presque) au plus bas, alors même qu’il y a peu de potentiel…