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Décryptage: Consulter un médecin à distance?

L’autorisation de la téléconsultation a soulevé un tollé… pourtant, cet acte médical à part entière sera très encadré.

Le décret du 19octobre 2010 relatif à la télémédecine, qui a autorisé la téléconsultation par Internet, a suscité bien des fantasmes… D’aucuns se voyaient déjà taper un mot de passe, entrer en contact, par webcam, avec un médecin, lui décrire leurs symptômes, obtenir un diagnostic et recevoir une ordonnance par e-mail. La réalité sera tout autre.

Pas de palpation virtuelle, mais le renouvellement d’ordonnances

“Si les actes télémédicaux sont désormais autorisés, tous ne pourront pas être réalisés. Par exemple, en cas de douleurs abdominales, une palpation du ventre est nécessaire, ce qui ne peut pas se faire par téléconsultation. Le patient sera alors réorienté vers une consultation classique. Un acte de téléconsultation est un acte médical à part entière, avec une prescription à la clé. Il engage la responsabilité du médecin qui le pratique”, précise Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins, délégué général aux systèmes d’informations en santé. Ces actes de téléconsultation sont ainsi à différencier des conseils en ligne, qui existent déjà (docteurclic.com, medecindirect.fr, etc.). Sur ces sites, les patients demandent un avis à des médecins, sans que ces derniers posent un diagnostic ni prescrivent un traitement. Ces conseils ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, contrairement aux téléconsultations.

Une réponse à la mauvaise répartition des médecins

Dans quels domaines et à quelles conditions la téléconsultation devrait-elle se développer? Elle pourrait permettre le renouvellement d’une ordonnance ou l’ajustement d’un traitement pour des patients déjà suivis, remédiant ainsi à la pénurie de médecins et aux délais trop longs pour obtenir un rendez-vous. La téléconsultation de spécialistes éviterait aussi à certains malades -par exemple ceux des hôpitaux gérontologiques- des déplacements pénibles. Enfin, elle pourrait être un moyen d’assurer l’équité de l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales ou difficiles d’accès.
Pour qu’un médecin puisse ouvrir une téléconsultation, il faut qu’il y soit autorisé par son agence régionale de santé (ARS), avec laquelle il passe un contrat. Ce dispositif médical devra répondre à un besoin. Si l’offre de soins est suffisante, l’ARS rejettera le projet. Une façon de reconnaître que la technologie vient pallier une pénurie géographique, et qu’elle se substitue à des interventions gouvernementales pour harmoniser l’installation des médecins.
Une fois que l’ARS a donné son autorisation, le médecin doit obtenir le consentement du patient, auquel le dispositif ne peut, en aucun cas, être imposé. Si une personne préfère faire 60km pour aller voir un spécialiste, elle en a le droit et sera remboursée par la Sécurité sociale. Le patient doit également avoir toutes ses facultés mentales et sensorielles. Pas question, donc, de traiter quelqu’un qui est atteint de la maladie d’Alzheimer ou en fin de vie via un tel dispositif.

Un suivi plus confortable pour certains patients

La levée de boucliers déclenchée par l’autorisation de la téléconsultation par Internet a un peu fait oublier que le décret donnait, par ailleurs, le feu vert à trois autres formes de télémédecine, dans les mêmes conditions que pour la téléconsultation: la télésurveillance, la télé-expertise et la téléassistance.
Grâce à la télésurveillance, le patient est soigné à domicile plutôt qu’à l’hôpital. Le médecin interprète à distance des données, que son malade recueille lui-même ou avec l’aide d’un professionnel de santé (une infirmière, un kinésithérapeute, etc.) sur des indicateurs de suivi à domicile. La télésurveillance est adaptée à des personnes souffrant de pathologies chroniques et qui ont besoin d’un suivi régulier. Ainsi, les insuffisants cardiaques, les diabétiques, les transplantés, etc., pourront transmettre un certain nombre de données (poids, tension artérielle, aliments consommés, etc.) à leur cardiologue ou à leur diabétologue, qui prescrira un traitement si nécessaire.

Une assistance entre professionnels

La télémédecine est également autorisée entre professionnels, sous forme soit de télé-expertise, soit de téléassistance. La télé-expertise permet à un médecin de solliciter à distance un confrère en raison de sa compétence. Par exemple, un radiologue peut avoir besoin d’un second avis ; un urgentiste, souhaiter le concours d’un neurologue quand son patient a fait un accident vasculaire cérébral. “La médecine progresse, plus personne ne sait tout, même dans sa spécialité”, reconnaît Jacques Lucas. Dans le cadre de la téléassistance médicale, un médecin peut assister un autre professionnel de santé au cours d’un acte. Dans cette logique, un radiologue pourra conseiller à distance un manipulateur d’électroradiologie médicale ; un généraliste, une infirmière exerçant dans une maison de retraite isolée.

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